Histoire



heldensagen wom kosmosinselCela fait déjà longtemps que les êtres humains ont quitté leur mère-planète, la Terre, pour s'établir jusqu'aux confins de la galaxie. Depuis lors, de nombreux bouleversements historiques se sont produits... Parmi les plus marquants, le premier fut l'établissement du Gouvernement de l'Espace Uni, en 2801 de notre ère, et de son Calendrier Universel (CU). Le second fut la mainmise de Rudolf von Goldenbaum sur le pouvoir suprême et la fondation de l'Empire Galactique, en 3110 / CU310. Le tyran va abroger le Calendrier Universel et décréter le sien : le Calendrier du Reich (CR). Enfin, près de deux siècles plus tard, un rebelle du nom d'Ale Heinessen tente d'échapper au diktat de la dynastie des Goldenbaum. Il s'exile dans une autre partie de la Voie Lactée, où ses compagnons d'infortune fonderont l'Alliance des Planètes Libres, une nation qui va se réapproprier le Calendrier Universel en 3328 / CI218 / CU527.


frise


"C'est une époque où les guerres perdurent encore. Où peu nombreux sont ceux niant que l'humanité et la guerre partagent la même histoire. Où il n'y a plus personne pour prétendre que ce qu'on appelle le progrès n'est pas intimement lié à la guerre. Sans doute l'homme est-il une créature qui se bat inlassablement jusqu'à la mort du dernier représentant de son espèce... La guerre est un puits sans fond qui a faim de sang, de larmes, et de connaissances. Nombreux sont ceux qui y voient rêves et ambition partir en fumée. Mais à chaque génération apparaissent des hommes qui portent en eux l'ambition de changer le monde, que ce soit en bien ou en mal. Cependant, seuls ceux qui ont vécu à une époque précise sont aptes à témoigner des changements qu'y ont apporté ou non cette ambition. En effet, les empreintes laissées dans l'histoire changent de forme au gré des sociétés.
Toutefois, il existe des êtres dont l'ambition dévorante les pousse à changer le monde, qui marquent l'histoire et dont le souvenir reste gravé dans la mémoire des hommes. On les appelle... les héros."


heldensagen wom kosmosinselAujourd'hui, à l'aube du trente-septième siècle de notre ère, une lutte séculaire oppose l'Alliance des Planètes Libres, qui se bat pour préserver la démocratie, à l'Empire Galactique, qui s'efforce d'éradiquer les "rebelles". Cette guerre sera le théâtre d'un nouveau tournant majeur de l'histoire : c'est l'ère des héros, celle de l'apparition des génies que sont Yang Wen-li de l'Alliance, et Reinhard von Lohengramm de l'Empire.
Pourtant, tout sépare ces deux personnages. Yang Wen-li a dû se résoudre à s'engager dans l'armée afin de pouvoir suivre ses études d'Histoire gratuitement, et il cache sa perspicacité et sa vivacité d'esprit derrière une désinvolture sans pareil. De l'autre côté, Reinhard von Lohengramm a vécu le traumatisme de voir sa sœur achetée comme concubine par le Kaiser. Alors enfant, il s'était déjà décidé à la délivrer, dût-il précipiter la chute des Goldenbaum et conquérir l'univers entier pour y parvenir !

Ces deux êtres exceptionnels, épaulés par des camarades dont ils auront gagné le respect et l'amitié, vont suivre la marche du destin pour l'un, la guider pour l'autre, et ce afin de bouleverser le devenir de l'humanité. Car tout héros et précieux qu'ils soient à leurs camps respectifs, on voit d'un mauvais œil tant dans l'Alliance que dans l'Empire l'émergence de telles personnalités. C'est une lutte pour la survie. Ainsi, ce ne sont pas que les batailles que devront affronter Yang Wen-li et Reinhard von Lohengramm, mais surtout les comploteurs toujours prêts à les poignarder dans le dos, sans compter d'autres menaces tapies dans l'ombre...


yang wen-li, reinhard von lohengramm



Ginga Eiyû Densetsu (Les Héros de la Galaxie) est au départ une série de quinze romans écrits par Yoshiki Tanaka, auteur aussi connu pour être celui des Chroniques d'Arslân (édité chez Calmann-Lévy, en DVD chez Black Bones). Si les dix premiers volumes se concentrent sur la trame principale, les cinq suivants (le dernier étant un recueil de quatre nouvelles) racontent au travers d'histoires annexes la jeunesse de Reinhard et de Yang ainsi que leurs aventures les plus retentissantes absentes du récit central. Ces romans parus de 1982 à 1989 ont alimenté Kitty Films de Tokuma Japan Communication pour produire ce qui est aujourd'hui la plus longue série d'OVA de l'histoire : 162 épisodes (110 en quatre séries pour la trame principale, 52 en deux séries pour les histoires annexes), deux films et un OVA spécial !

C'est à partir d'ici qu'on pourrait s'emmêler les pinceaux... En effet, l'ordre de sortie de ces productions n'est pas tout à fait le même que celui dans lequel il faut les voir pour apprécier l'histoire dans sa chronologie. Pour faire simple, voici deux tableaux qui devraient vous aider à y voir plus clair : le premier est un ordre daté des sorties, et le second est l'ordre chronologique historique des séries, films, et OVA.

Ordre des sorties

1988 ; Film 1 : Ma conquête de la mer d'étoiles
1988-89 ; Première série
1991-92 ; Deuxième Série
1992 ; OVA spécial : Les ailes d'or *
1993 ; Film 2 : Prélude à une nouvelle bataille
1994-95 ; Troisième série
1996-97 ; Quatrième série
1998 ; Première série d'annexes
1999 ; Deuxième série d'annexes
Ordre chronologique historique

Première série d'annexes
Deuxième série d'annexes
Film 1 : Ma conquête de la mer d'étoiles
Film 2 : Prélude à une nouvelle bataille
Première série
Deuxième Série
Troisième série
Quatrième série
OVA spécial : Les ailes d'or *

Personnellement, je conseille de commencer par voir les films, puis les séries, et enfin les annexes.
* l'OVA spécial est une sorte de remake général, à voir en dernier, ou mieux, pas du tout.


La longueur de cette saga est de l'ampleur de l'histoire qu'elle porte ! Une histoire qui raconte la guerre séculaire qui oppose deux nations implantées dans la galaxie. Oui, l'affrontement est à l'échelle galactique, celui de flottes constituées de milliers de navires, d'encore plus de chasseurs, et de millions d'hommes qui sont autant de chair à canon sacrifiée à une guerre sans merci et qui n'a de sens que pour ceux qui ne conçoivent pas la coexistence pacifique entre deux régimes que tout sépare : démocratie et autocratie. Pour lutter dans de telles conditions, il faut aux combattants, aux stratèges, et aux héros redoubler d'ingéniosité. La victoire ne s'offre pas au plus fort ou aux plus nombreux, mais bel et bien à celui qui saura l'amener à lui par les meilleures ruses.

C'est précisément une des caractéristiques de cette saga animée : tout au long des épisodes, on assiste comme si on était au plus près des stratèges aux batailles qu'ils livrent, à leurs hésitations, leurs coups de génie, et à la mise en place de leurs plans. Ce spectacle fait penser à une partie d'échecs disputée, à ceci près que les pions sont ici des flottes qui se mitraillent à coup de canons laser. Comme vous le voyez, la stratégie tient une place importante.

GinEiDen (diminutif de Ginga Eiyû Densetsu) s'offre aussi une autre forme d'exclusivité : sa bande originale. En effet, celle-ci est quasi-exclusivement composée de chefs d'œuvre de la musique classique, de Mozart à Wagner, en passant par Ravel ! Les symphonies les plus grandioses soulèvent et emportent le tumulte des batailles spatiales dans une tempête de cuivres tandis que des mélodies plus douces, ou sombres, soulignent les échanges entre les personnages.

heldensagen wom kosmosinselA vrai dire, définir GinEiDen comme un "space-opera" serait, bien que juste à la base, assez réducteur. Certes la saga mérite plus qu'aucune autre œuvre ce qualificatif (cf les deux derniers paragraphes). Pour autant, sa véritable richesse se trouve dans ses personnages, à la fois nombreux et exploités au mieux. Même si les personnages de Reinhard et de Yang ont une carrure à en éclipser plus d'un, les seconds couteaux restent déterminants et passionnants à suivre, Siegfried Kircheis en tête. De plus, ce n'est pas que la guerre qui est dépeinte, c'est aussi la quête du pouvoir et le triomphe des ambitions. Et à travers les péripéties qui vont opposer nos héros à leurs pairs, on va assister à une réflexion politique : doit-on juger un type de régime sur ses valeurs de base ou sur l'utilisation qui en est faite ? Démocratie peut être pourrie tout comme autocratie peut sacrer un messie. Les courants religieux ne sont pas en reste avec l'ombre planante d'une secte qui promeut le retour à la Terre tant par un bras armé que par une infiltration jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir. De vastes thèmes donc, qui permettent de réflechir à notre histoire.

Techniquement, et plus précisément graphiquement parlant, le premier film est de toute beauté, comme le second film. Ils bénéficient d'un chara-design régulier et très soigné, signé Matsuri Okuda (Shurato). En contrepartie, l'animation est relativement médiocre, on voit que ce ne sont pas des films à grand budget... Les séries, en revanche, sont plutôt victimes d'une certaine inconstance. Certains épisodes peuvent être bourrés de plans moches tout comme d'autres sont éblouissants. Cette irrégularité peut s'expliquer par la présence de directeurs de l'animation aux styles très différents ainsi que par la longueur de l'œuvre. Il est important de signaler que la qualité graphique des séries va gloablement crescendo, la quatrième étant du coup de toute beauté.

Côté réalisation, Noboru Ishiguro adopte une vision très sobre, sans trop d'effets typiques de l'animation japonaise : c'est un peu comme si on assistait à une pièce de théâtre. Toutefois, les séries d'annexes tranchent en ajoutant un dynamisme qui ne dénature finalement pas l'œuvre. "La vallée de glace" a, blague à part, quelque chose de très raffraîchissant.





ginga eiyu densetsu

heldensagen wom kosmosinselPour conclure, quel bilan tirer de Ginga Eiyû Densetsu ? A cause des thèmes abordés par la saga, son âge et sa sobriété, voire austérité de réalisation, elle restera sans doute inaccessible pour beaucoup. Non pas que le public ne soit pas en mesure de la comprendre (il suffit d'être attentif, ce qui n'est pas difficile tant le scenario est captivant pour qui s'y intéresse), mais il risque de, disons-le, s'ennuyer. C'est un peu comme de très vieux films cultes et longs : "ils sont vraiment bien, mais on se fait chier en les regardant". Enfin, je ne dis ça que pour certains... les ceusses insensibles aux cliff-hangers les plus haletants !

Les autres trouveront une œuvre magnifique, dans tous les sens du terme, à la fois passionnante et source de réflexions, le réalisme des évènements étant indiscutable. Pour qui s'intéresse ne serait-ce qu'un peu aux stratégies, luttes de pouvoir, complots et politique, c'est un régal. Ces aspects font des Héros de la Galaxie un monument de la SF japonaise.



Ecrit par Saga, inspiré d'un article de MSZ-006C1.