Les "grades"
dans Les Héros de la Galaxie



La traduction, ou plus exactement la recherche d'équivalence, entre différentes hiérarchies militaires a toujours représenté une gageure. Cela peut être dû à la complexité interne de ces hiérarchies, ou bien encore à l'histoire et à l'esprit qui distinguent celles-ci. Le cas se complique davantage, notamment côté français, lorsqu'on touche à la Marine.

Première question : pourquoi diable avoir alors choisi la Marine au lieu des grades de l'armée de terre, ou de l'air ? Après tout, GinEiDen dépeignant une fresque rappelant fortement celle des maréchaux napoléoniens, il aurait semblé pertinent d'opter pour un choix de hiérarchie semblable. Mais voilà, l'intrigue de l'œuvre se déroule... dans l'espace. Un milieu assimilé à la mer à de nombreuses occasions au cours de la série (en témoigne le générique "Sea of the stars"). Ajoutons à cela les gigantesques flottes de navires, chacun pouvant de surcroît jouer les porte-avions en envoyant ses chasseurs au combat.

Les grades utilisés dans la version originale des Héros de la Galaxie sont ceux de l'armée impériale japonaise. Et dans cette hiérarchie, on retrouve des subdivisions semblables à celles qu'on trouve dans les grades de la Marine française. Or, au sein même de ces catégories, les logiques japonaise et française diffèrent totalement : le système des grades japonais est beaucoup plus carré. Exemple :

Officiers généraux (将官)
  • 大将
  • 中将
  • 少将
  • 准将
Officiers supérieurs (佐官)
  • 大佐
  • 中佐
  • 少佐

Officiers subalternes (尉官)
  • 大尉
  • 中尉
  • 少尉
  • 准尉

On remarquera ainsi que pour chaque type d'officiers (将, 佐, 尉) il existe une échelle identique et simple puisqu'il s'agit d'un simple classement par importance. On commence avec le "grand" officier (大), puis on passe au "moyen" officier (中), au "petit" officier (少), et parfois à l'"aspirant" officier (准). Autrement, la structure des grades japonais, pour les officiers, est la suivante : importance - rang. Logique carrée.

Les grades de la Marine française, en revanche, sont le fruit d'une certaine histoire, mais ils sont aussi (en particulier pour les officiers) influencés par le type de navire commandé. L'exemple le plus criant est celui des capitaines de vaisseau, de frégate et de corvette (tous trois des navires de taille différente). Or, ce rapport entre grade et bâtiment n'existe pas en japonais, et donc pas dans Ginga Eiyû Densetsu, ce qui peut poser des problèmes de pertinence de la traduction. Nous allons cependant éluder ceux-ci.

Voici donc ci-dessous la hiérarchie des grades utilisés dans Les Héros de la Galaxie, avec la traduction française proposée par GinEiDen.net et les appellations idoines. Nous développerons par la suite plus en profondeur les raisons des choix adoptés.

Grades japonais
  • 元帥
  • 上級大将
  • 大将
  • 中将
  • 少将
  • 准将
  • 大佐
  • 中佐
  • 少佐
  • 大尉
  • 中尉
  • 少尉
  • 准尉

  • 曹長
  • 軍曹
  • 伍長
  • 兵長
  • 上等兵
  • 一等兵
  • 二等兵
Grades français
  • Amiral d'Empire / Amiral d'Etat
  • Amiral général
  • Amiral
  • Vice-amiral d'escadre
  • Vice-amiral
  • Contre-amiral
  • Capitaine de vaisseau
  • Capitaine de frégate
  • Capitaine de corvette
  • Lieutenant de vaisseau
  • Ens. de vais. de 1ère classe
  • Ens. de vais. de 2ème classe
  • Aspirant

  • Maître
  • Second maître
  • Maistrancier
  • Quartier-maître de 1ère classe
  • Quartier-maître de 2ème classe
  • Matelot breveté
  • Matelot
"Appellation"
  • Monsieur l'amiral
  • Amiral
  • Amiral
  • Amiral
  • Amiral
  • Amiral
  • Commandant
  • Commandant
  • Commandant
  • Capitaine (ou Commandant)
  • Lieutenant
  • Lieutenant
  • Lieutenant

  • Maître
  • Second maître
  • Quartier maître
  • Quartier maître
  • Quartier maître
  • Matelot
  • Matelot

Empire Galactique (dynasties Goldenbaum et Lohengramm)

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En France comme au Japon, cet échelon suprême n'est pas à proprement parler un grade. C'est plutôt un titre, une "dignité dans l'Etat" selon l'expression consacrée. La traduction "amiral d'Empire" fait ici écho au titre d'amiral de France existant dans la marine française (mais il n'est plus décerné depuis 1869). Ce choix renvoie à son tour au titre de "maréchal de France", symbolisé par le bâton de maréchal. Un bâton que l'on a vu Reinhard von Lohengramm recevoir au début de la série. C'est pour cette raison que cette traduction a été préférée à celle d'amiral de la Flotte (équivalent protocolaire du "Fleet admiral" anglais).

L'image ci-dessus montre les amiraux d'Empire sous la dynastie Lohengramm. Toutefois, leur signe distinctif est le même que sous la dynastie Goldenbaum, à savoir la cape.


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Nous arrivons ici aux officiers généraux. Première mise au point : dans la Marine française, amiral et vice-amiral d'escadre ne sont pas à proprement parler des grades, mais des "rangs et appellations" pris par certains vice-amiraux. Dans l'armée impériale japonaise, en revanche, ce sont des grades pleins (et c'est ainsi que nous les considérerons dans notre hiérarchie). Par ailleurs, ils sont accompagnés d'un cinquième larron en haut de l'échelle, le 上級大将. Ce dernier ne possède d'équivalent que dans quelques rares armées, dont la Wehrmacht, avec le grade de "generaladmiral". D'où la traduction littérale "amiral général".

Côté uniforme, on remarquera que pour chaque classe d'officier il y a une trame commune. Au sein de chaque classe, les grades sont différenciés par le nombre de galons arborés. Cette convention est valable aussi bien sous la dynastie Goldenbaum (premère image) que Lohengramm (deuxième image). Nous voyons ici que le contre-amiral ne porte aucun galon sur l'épaule, le vice-amiral un seul, le vice-amiral d'escadre deux, l'amiral trois. L'amiral général ne se distingue de ce dernier que par le liseret passant derrière et sur les côtés de son col.


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Place maintenant aux officiers supérieurs. Rien de particulier à signaler ici si ce n'est, encore une fois, que les termes désignant les navires (vaisseau, frégate et corvette) n'ont aussi aucune corrélation avec les bâtiments effectivement commandés par ces capitaines.

La première image montre l'uniforme sous les Goldenbaum, la seconde sous les Lohengramm. On retrouve le système de distinction par trois galons vu avec les officiers généraux.


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Voici les officiers subalternes. On remarquera que le plus bas grade parmi ceux-ci, celui de 准尉 en japonais, est normalement convenu comme étant le pendant du major. Toutefois, dans la Marine française, le major est un officier marinier supérieur alors que, dans Les Héros de la Galaxie, l'officier appelé justement 准尉 fait partie des officiers subalternes. Adopter l'option de l'aspirant (officier subalterne en dessous de l'enseigne de vaisseau de deuxième classe) semblait donc la solution la plus pertinente.

La première image montre l'uniforme sous les Goldenbaum, la seconde sous les Lohengramm. On retrouve le système de distinction par trois galons et absence de galon vu avec les officiers généraux.


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Les plus observateurs noteront que l'on a omis les officiers marinier supérieurs (major, maître principal et premier maître) pour passer directement aux officiers mariniers subalternes et aux militaires du rang. En effet, les grades intermédiaires ne sont pas utilisés dans Les Héros de la Galaxie.

Quant à la logique des uniformes, elle est la même sous les Goldenbaum (première image) et les Lohengramm (seconde image) : les galons et manches et d'épaules doivent être envisagés de façon complémentaire pour situer le grade du soldat. Deux galons d'épaule pour le maître, un seul pour le second maître, aucun à partir du quartier-maître de première classe et l'on compte les galons de manches. Trois, deux, un, puis aucun pour le matelot.



Ecrit par Saga.
Documentation :
- Grades de l'armée française (Wikipédia France) ;
- Grades de l'armée française (Wikipédia Japon) ;
- Grade militaire (Wikipédia Japon) ;
- Les grades de la Marine nationale (Ministère de la Défense) ;
- Instruction n° 201200 DEF/SGA/DFP/FM/1 du 05 septembre 2001 portant application du règlement de discipline générale dans les armées (BIFP)